Anatole le tournesol vivait dans le sud de la France, tout près d’un champ de lavande qui embaumait. Il vivait parmi les siens, au milieu d’un vaste champ de tournesols. Autour de lui, un paysage coloré s’étendait à perte de vue. C’était magnifique.

Anatole se sentait bien parmi ses amis. Comme eux, il avait toujours la tête tournée dans la même direction. Ainsi, il profitait de la chaleur mais pas trop, car cela aurait abîmé ses graines.

Il aimait ses voisins et amis mais par-dessus tout, il aimait la lumière du soleil. Il n’en avait jamais assez. Tous les matins, le tournesol attendait avec impatience le lever de son astre chéri. Et le soir, c’est avec un pincement au cœur qu’il le voyait disparaître à l’horizon.

Il voulait encore plus de soleil. Cela faisait longtemps qu’il réfléchissait à ce problème. Très longtemps…

Un jour, il en eut assez de se tordre le cou toute la journée dans le même sens. Il voulait pouvoir suivre du regard cette belle boule de lumière qui le fascinait tant. Alors, il annonça à ses amis : - « Je m’en vais. Je pars chercher un endroit d’où on voit très bien le soleil tout le temps. Au revoir mes amis, je vous garde avec moi dans un petit coin de mon cœur mais j’ai besoin de voir du pays. » Son voisin Pablo tenta de le faire changer d’avis : - « Je ne crois pas qu’un tel endroit existe sur notre belle planète, tu sais. Mais bon voyage quand même ! »

Anatole avait pris sa décision. Il tira de toutes ses forces pour se déraciner. Et hop ! Il posa ses racines sur la terre ferme. Il prit son baluchon sur l’épaule et se mit en route.

Il se rendit vite compte que cela faisait mal de marcher les racines nues. Un épi de blé planté dans le champ voisin l’entendit gémir :

- « Mais où vas-tu comme ça , petit tournesol ? » - « Je suis mal nommé. On m’appelle tournesol et pourtant je n’ai tourné la tête qu’une seule fois dans ma vie, au moment de ma floraison. Je rêve de suivre le soleil du regard en permanence pour enfin mériter mon nom. Alors je m’en vais. » - « Tu sais, je m’appelle Fariboule et je suis un vieil épi de blé. Je ne sais pas si tu vas loin mais crois-moi, tu devrais protéger tes racines sinon tu souffriras trop pour aller au bout de ton aventure. Prends donc les gants que le fermier a laissés au bout de mon champ ! » - « Merci pour ton aide, ami, je n’y avais pas pensé ! »

Alors au passage, il emprunta les gants que le fermier avait laissés au bord du champ. - « Je ne fais que les emprunter. A mon retour, je les lui rendrai. »

Anatole rangea ses racines du mieux qu’il put dans les doigts des gants. Puis il se remit en route vers l’ouest, en direction du soleil. Cette fois, il partait enfin à l’aventure. …………… / …………….

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